
Avertissement : Ce qui va suivre est un avis sur « There is No Game : Wrong Dimension. J’ai longuement hésité avant de le rédiger. Ce non-jeu repose énormément sur la surprise et la découverte et rend hommage aux grands noms du Jeu-vidéo en singeant et bousculant les codes. En poursuivant l’idée de KaMiZoTo (le créateur) je ne peux que vous conseiller de NE PAS LIRE cet avis.
CECI N’EST PAS UNE BLAGUE.
NE LISEZ PAS, SERIEUSEMENT !!!!
Vous êtes encore là ?
Bon vous êtes prévenus, il n’y a pas de test ici et si vous êtes encore là c’est que vous être vraiment collants !

C’est de cette façon que démarre There Is No Game : Wrong Dimension, développé par le développeur français Draw Me A Pixel.
There Is No Game : Wrong Dimension est la suite logique du projet There Is No Game, grand vainqueur du Newsground Construct Jam de 2015. Dans ce « non-jeu » KaMiZoTo aborde le sujet de la déception où le joueur doit désespérément lutter contre les indications du programme, lui affirmant sans-cesse qu’il n’y a pas de jeu.
Après une production compliquée et « dans la douleur » suite à l’échec du financement du projet sur Kickstarter, There Is No Game : Wrong Dimension est arrivé sur ordinateurs le 6 août 2020, iOS et Android en décembre de la même année ainsi que sur Nintendo Switch le 14 avril 2021.
SERIEUSEMENT, il n’y A PAS de jeu !

Encore une fois, vous parler de There Is No Game : Wrong Dimension est une façon de vous gâcher la découverte et l’effet de surprise, pour vous faire une idée de la philosophie du titre, vous pouvez gratuitement essayer la version de 2015 sur PC et Téléphone. Wrong Dimension pousse sa réflexion encore plus loin. Parler de philosophie n’est pas un sophisme ou une exagération de ma part. En défonçant sans-cesse le 4eme mur, ici l’écran, le non-jeu est surtout une façon de questionner le joueur, l’utilisateur, et le mettre face à l’absurdité de ses attentes, parfois surréalistes, et de ses réflexes (bons ou mauvais) acquis depuis des années.

Au fur et à mesure de l’écriture de cet article, je tente d’éviter de vous parler directement du jeu… euh… OUBLIEZ CE QUE JE VIENS DE DIRE, IL N’Y A PAS DE JEU !!!!!!!
Dans There Is No Game : Wrong Dimension, vous allez devoir, en tant qu’utilisateur, lutter encore une fois contre un programme/narrateur qui ne souhaite pas vous faire accéder à son jeu, à sa fonction première. Vous aurez constamment affaire à des énigmes variées, originales et réellement intelligentes. Leurs résolutions ne sont pas seulement une façon de progresser dans le jeu mais surtout un appel à la réflexion du placement du joueur face au média.
Où se place le joueur face à un gameplay ? Où se place-t-il entre les idées et les névroses d’un développeur ? Un développeur, un créatif même, comme chaque être humain, a des psychoses, des doutes, des questionnements, des blessures, qui ressortent plus ou moins subtilement dans sa création. Comment le joueur peut faire face à tout ça alors qu’il est lui même victimes de ses propres problèmes ?
C’est un début de réponse que tente d’apporter There Is No Game : Wrong Dimension. Par sa richesse, sa générosité jusqu’à la toute fin du titre, cachées sous une apparente simplicité et pauvreté de gameplay, le jeu arrive à montrer et expliquer ce qui fait qu’un jeu est un bon jeu. Ce qui différencie un jeu d’un autre, un jeu d’une expérience interactive, un jeu d’un film…
Beaucoup de joueurs comparent le jeu de Draw Me A Pixel à Stanley Parable, ce qui peut se comprendre mais There Is No Game : Wrong Dimension ne prend pas du tout le même chemin. Là où Stanley Parable montrait l’absurdité de la narration et du choix dans le JV, je rapprocherais There Is No Game de Kingdom Hearts ou de la série Nier. Dans les jeux de Tetsuya Nomura et de Yoko Taro, le gameplay n’est pas qu’un élément d’amusement, il fait partie intégrante de la trame scénaristique et tous les scénarios découlent de ce gameplay originel, l’intégrant soit comme personnage à part entière soit comme une représentation symbolique des enjeux de l’histoire.
Le bébé de KaMiZoTo suit exactement ce chemin en montrant avec une intelligence folle la puissance du rôle de filtre ou d’entonnoir du gameplay.
Une poésie se dégage constamment de ce titre, j’ai été ému, j’ai rigolé aux éclats, j’ai eu ma petite larme tant tout s’emboîte parfaitement. The Is No Game : Wrong Dimension m’a chamboulé, m’a trompé, m’a vidé tout en me laissant ma place de joueur, tout en me laissant constamment les manettes en main. UN FABULEUX MOMENT ! (mention spéciale à une musique particulière à un moment clé, GG au compositeur et à l’interprète 😉 )
J’ai tenté tout du long de ce billet d’éviter de vous donner trop d’informations, de vous pousser à ne pas lire mes lignes, à ne pas me croire …mais je fais fausse route, il n’y a qu’une chose à faire, à défaut de jouer à ce non-jeu, VIVEZ THERE IS NO GAME !